Réflexion sur la nomination de B. Kouchner aux affaires étrangères
C’est en lisant <a href= »http://blog.selfmade.gayattitude.com/20070518122213/1er-gouvernement-sarkozy-fillon-danger-insulte-agressivite/ » target= »_blank »>un article posté par Selfmade</a> que je me suis fait une opinion. Kouchner est en effet une très bonne carte à jouer pour Sarkozy, homme indépendant donc pas accroché au PS, homme populaire, figure de gauche légitime qui favorise l’idée d’une politique d’ouverture et asphyxie la troisième voie du Modem.
Mais en réalité ce n’est pas sur ces convictions socialistes que Sarko fait appel, mais à sa manière de voir la politique internationale. Et idéologiquement, Kouchner est très proche de la conception de néo-conservateur américain dans ce domaine.
Au delà de la diabolisation des idées, qu’est-ce que ce courant idéologique ? C’est un courant interventionniste au plan international qui ne n’a aucun scrupule à remettre en cause la souveraineté des états mais aussi des peuples, si cette remise en cause se fait pour porter les valeurs humanistes et démocratiques de l’Occident.
Kouchner est pour le droit d’ingérence. Il a travaillé dans le milieu humanitaire, il a vu les conséquences de certaines tyrannies ou conflits inter-étatiques sur les populations. Il n’est donc pas incohérent de vouloir agir le plus rapidement pour aider des personnes qui souffrent (affamés de la guerre, femmes voilées…). Mais cela implique la remise en cause du droit international et met en place une sorte de néocolonialisme sur les valeurs occidentales.
Or, les valeurs occidentales sont-elles forcément les meilleures ? Agir sur ses valeurs propres sans tenir compte des équilibres sociaux et historiques locaux est-ce une bonne approche ? Imposer ses valeurs sans obtenir le consentement préalable des populations est-il viable ? Ne risque-t-on pas d’obtenir l’effet inverse en mobilisant des populations contre un Occident perçu comme hégémonique et remettant en cause la tradition culturelle ?
Tels sont les débats qui ont vu le jour lors des interventions du Kosovo, d’Afghanistan et d’Irak. Le problème du Kosovo semble en voie de résorption. Plus ancien ? Démonstration d’une réussite en la matière ? Il ne faut pas oublier l’impact de l’Union Européenne dans le maintien de la paix dans les Balkans. La perspective d’adhésion maintien les protestations locales. Donc, pour ma part je ne crois pas que l’on puisse parler d’une réussite de la politique d’ingérence.
Nous verrons à long terme ce que nous donnera l’Afghanistan et l’Irak. Voire la radicalisation de l’Iran.
Kouchner n’est donc pas engagé comme un homme de gauche mais sur un débat très précis dont il faut bien voir les tenants et les aboutissants.