Le piège du vote blanc et de l’abstention

Ou comment se faire une dernière fois encore des ennemis.

Le problème d’un trop grand écart des sondages

L’ambiance médiatique a l’air calme en apparence. On en est encore à évaluer les retombées du débat Royal / Sarkozy. Or, le discours médiatique est en train de véhiculer les derniers sondages et ils ne sont pas bons pour la candidate socialiste. Car elle ne gagne pas les précieux petits pourcents qui lui permettraient de mobiliser derrière elle les antisarkos. Sarkozy a 53% et Royal à 47%. L’écart semble trop important et va être exploité comme tel car elle libère les tensions contestatrices.

Il y a toute une part du vote Royal qui ne demande qu’à s’abstenir : l’extrème gauche, qui a voté Royal au premier tour déjà menacée par Bayrou perçu comme un homme de droite, les bayrouistes qui sont en grande majorité déçu par l’absence d’un projet de société clair, mais aussi tous les anti-sarkos, ces électeurs qui d’habitude ne votent pas mais qui se sont fortement mobilisés afin de contrer quelqu’un qui se montre radical et aux attitudes violentes vis à vis de certaines populations. Dans cette dernière population on trouve les minorités ethniques, les habitants des banlieues et les anarchistes. Si la victoire de Sarkozy est de toute façon acquise, à quoi bon aller voter ? Doit-on faire partie du système ? La candidate socialiste mérite-t-elle vraiment qu’on se déplace ?

Voilà donc la grande menace que fait peser les sondages sur le second tour. Lors du référendum européen c’était un prudent 50/50 des sondages qui avait permis la victoire du Non et l’infirmation du résultat déjà acquis. Là il y a trop d’écart et on ne cesse de nous rappeler que 6 points séparent les deux candidats.

Le vote blanc et de l’abstention contre-productifs

Que l’on ne s’y trompe pas, même si Sarkozy gagne, l’ensemble des résultats sera pris en compte avec attention. Mais peut être pas comme les électeurs voudraient qu’ils soient interprêtés. Le score de Sarkozy déterminera le degré d’adhésion de la population à son positionnement. Sarkozy a axé toute sa campagne, et en amont depuis les régionales de 1998, toute sa stratégie politique, sur la radicalisation de la droite faisant une OPA sur l’extrème droite et enterrant la droite gaulliste, modérée. Son pari historique est en voie d’être réussi. Depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, il y avait toujours eu, à droite, cette retenue honteuse par rapport à une idéologie coupable des pires atrocités… et aussi coupable de la défaite de la Nation. Les temps semblent maintenant révolus. Les abstentionnistes et le vote blanc seront vus, quand à eux, comme le degré de passivité de la population, vis à vis de cette politique.

Il ne faut pas attendre de plan B.

Le parti Démocrate est mort né. Bayrou n’a plus de troupes derrière lui et plus de personnel politique pour assurer les bases de ce grand parti du centre. L’attraction puissante du sarkozisme victorieux et l’absence de dialogue au sein de l’UDF ont contribué à la désertion du navire. Un navire dont l’identité sera au mieux préservé mais aligné sur la flotte de la nouvelle Union pour la Majorité Présidentielle.

Du côté du PS, la socialdémocratisation du parti s’éloigne. Après ces quelques jours d’appel maladroits et, surtout, infructueux au vote centriste, l’aile gauche devrait à nouveau immobiliser l’évolution du parti, aidé par un Hollande cherchant à sauver sa peau. Déjà, le premier secrétaire s’aligne sur les propositions d’Emmanuelli : créer un grand parti moderne et humaniste. Que de beaux mots qui mettront en minorité les sociaux-libéraux traîtres, mais qui en définitive n’apporteront rien de nouveau en matière idéologique. Le parti ne sera donc pas sur pieds pour se battre pour les législatives. Il préférera jouer la carte rassurante du plan B, plutôt que d’assumer une double défaite. Il est peu probable néanmoins qu’il éclate car il garde une solide culture commune, il n’y a pas d’alternative et le bipartisme a encore été renforcé par ses dernières élections.

Voilà en quelques gros traits comment je vois les choses. Mais tout cela peut être nuancé. Et il ne faut jamais exclure un revirement. Ségolène m’a souvent bluffé pendant cette campagne. Dommage qu’elle n’ait pas été plus constante. Elle a tout de la forme de la social démocratie. Mais il lui manque le fond et cette vision qui permet de remettre de l’espérance. Toute la campagne aura résonné d’une sorte de résignation. Les français ont peur, n’ont plus le courage d’investir. Chacun est déjà résolu à faire des sacrifices et on commence déjà à traquer des boucs-émissaires.

Gardons espoir, et pour relancer la machine, il faut savoir ne pas baisser les bras. Il n’y a jamais un seul chemin, mais il faut ne pas baisser les yeux pour voir les autres voies et faire un vrai choix.

Filed under: Opinions, Politique | Posted on mai 4th, 2007 by rollover

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