Sauvez la reine !

Vu The queen.

Le film raconte la relation de la reine Elisabeth II et du premier ministre Tony Blair alors que la princesse Diana vient de mourir d’un accident de voiture.

Hmmm, on flaire le piège. S’agit-il encore d’un document sulfureux sur la mort de Diana; un film qui en profiterait alors que le mythe continue à être quelque peu vivace ? Non, le film parle en effet de Diana, mais de loin. Le sujet, ici, est plutôt de dramatiser l’événement mais d’un angle inédit : vu de Buckingham Palace.

Non, la reine n’a pas fait assassiner la princesse trop rebelle, qui salissait complaisamment l’honneur de la famille royale. Le sujet est éludé sur le ton de la boutade par le conseiller en communication de Blair alors que le premier ministre doit téléphoner pour présenter ses condoléances, du genre « Tu n’as qu’à lui demander si elle ne sait pas qui a fait le coup »

Mais, la reine en aurait-elle les moyens ? On est loin de Marie-Antoinette. Monarchie certes, mais une monarchie simple qui apprend les nouvelles, comme tout le monde, par la télévision; une monarchie non entourée d’une pléthore de domestique. Il n’est pas rare de voir la reine, un fichu sur la tête, prendre elle même son 4×4 pour aller rejoindre les chasseurs royaux. La reine qui d’ailleurs refusera à Charles un jet privé pour se rendre sur le cercueil de sa femme.

Car la Monarchie est menacée : elle est de plus en plus vue comme un coût non justifié. Et l’attitude de la famille royale après le décès de Diana n’arrange pas les choses. Alors que tout le peuple dépose des bouquets de fleurs devant le palais, la famille d’Angleterre s’isole au Palais d’Holyrood et s’enferme dans un profond mutisme alors que la pression des médias gronde. Viens alors le rôle de Tony Blair, censé réconcilier la reine avec le présent, la communication.

thequeen

C’est Tony Blair qui invite la reine à agir après lui avoir annoncé la montée de l’opposition des britanniques à la monarchie (1 britannique sur 4). Les Windsors sont considérés par le peuple comme faisant partie du drame qu’a subit Diana. La reine devra donc organiser des funérailles nationales, céder et participer au deuil national.

Une scène émouvante est le moment où la reine se retrouve prise entre la foule et les fleurs offertes à la mémoire de « la princesse du peuple ». Encaissant avec un sourire public, la reine passe devant les cartes qui l’accuse : « Ils ont ton sang sur les doigts ».

Or, la reine n’a rien demandé. Elle subit. Elle est née pour régner, c’est une charge, elle est au service de la Nation.

Le but de Stephen Frears, bien loin de Ken Loach, est de restaurer le blason de la monarchie. Les arguments portent, d’autant qu’il est difficile d’aller à contre courant. A l’instar des événements de 1997, l’émotion nous empêche de prendre du recul. Frears passe le tour de force de rendre un ultime éloge à Diana mais aussi à celle qui fut sa pire ennemie, la reine. Ce film apporte en plus un plaisir d’initié, introduit dans l’establishment et dans les manigances qui entourent le pouvoir. Mais des manigances toujours policées. Il s’agit de garder un peu d’esprit critique, et, tout républicain que je suis, je ne peux m’empêcher de finir par un ironique : « Mais à qui donc profite le crime ? ». A voir.

Filed under: Cinéma | Posted on avril 9th, 2007 by rollover

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