Besson Laguillier, même combat

Des passages d’un livre diffusé dans le figaro le jour de l’intervention télévisée de Ségolène Royale sur France 2, une interview au Nouvel Observateur, les propos d’Eric Besson denonçant le système Royal et appelant à ne pas voter pour elle vont certainement faire le tour des médias, connaissant leur envie folle de faire élire Ségolène. Ecartant le fort soupçon de réplique à un honneur blessé (soupçon aggravé par le titre donné à l’ouvrage de Besson « Qui connaît Madame Royal ? »), il me semble tout de même que la manière d’agir de l’ancien secrétaire national n’est pas très socialiste.

La mutation du PS comme objectif

En effet, sa justification morale est qu’en faisant barrage à Ségolène Royal, le PS se convertira enfin à la social démocratie après une période de dure réalité.

« Si elle perd, le PS, qui aura abandonné ses principes et son identité pour une illusion, sera une nouvelle fois en crise majeure. J’en serai triste, au moins pour tous les militants, que j’aime et respecte, et pour tous ceux qui placent leurs espoirs dans le parti.

Mais je préfère voir le PS obligé d’opérer enfin sa mue et devenir un parti réformiste assumé, plutôt que de risquer l’embolie de mon pays. « 

Le bouleversement interne

Je peux voir en tout cas, qu’il partage mon analyse et mon optimisme : si Royal perd, le hollandisme est mort et la main reviendra à Dominique Strauss-khan, second candidat à l’investiture derrière Ségolène. Pourquoi DSK et pas Fabius ? Car Fabius est discrédité par sa stratégie. Fabius, en digne fils de Mitterand, considère qu’il faut avoir un discours fortement ancré à gauche sans bases réelles, mais sa pratique gouvernementale (il a été le ministre du tournant de la rigueur) lui garantie une grande méfiance de l’extrème gauche. Par ailleurs, on est plus à l’époque de Mitterand, et les électeurs en ont assez qu’on leur promette des choses sans leur expliquer comment faire concrètement. C’est pour cela que Fabius ne pouvait séduire les adhérents du parti socialiste, même porté par l’aile gauche qui ne cesse de s’affaiblir. Ségolène a été l’ultime rempart contre le prise en main par DSK, malheureusement encore trop diabolisé par les militants de base (diabolisation qui touche en général tous les ministres du budget). Mais la difficile campagne de Ségolène et la surprise d’une concurrence à droite (et non à gauche comme c’était devenu une habitude) convoitant l’électorat socialiste devrait une bonne fois pour toute provoquer la mutation.

La perspective de cette mutation invalide le schéma Bayrou. DSK héritant d’un parti aux bases très fortes devrait décliner les propositions de l’éventuel président centriste d’entrer dans une coallition. L’aventure Bayrou est trop risqué pour des personnages politiques de premier plan. Bayrou n’a rien à perdre, les autres beaucoup. Et il n’y a aucune certitude pour que le pari centriste réussisse. Au lendemain de la présidentielle perdue, DSK devrait donc refuser de participer au gouvernement pour préparer les législatives qui, compte tenu de la déstabilisation du PS, devrait aboutir à une victoire de la droite, probablement l’UMP car l’UDF n’a pas d’assises assez forte localement.

La révolution contre la réforme

Mais revenons à Besson. Donc Besson joue la défaite de Royal pour la mutation du parti. C’est fin intellectuellement. Mais c’est oublier qui va payer cette mutation… Quand on a un revenu confortable, on peut se contenter d’attendre. Il n’y a pas d’urgence. Allez ! on passe un tour. Mais ceux qui n’ont pas cette chance ?

Et voilà qu’on peut mettre Besson au même rang que Laguillier et faire référence à cette confrontation philosophique qui a eu lieu entre socialistes et marxistes.

Pour Marx, le système capitaliste court à sa perte. Il se condamne à sa propre disparition, en vulgarisant : en augmentant toujours la pression sur les salaires, au bout d’un moment, les produits de l’entreprise n’arrivent plus à trouver de débouchés par pénurie de demande. Donc, pour en finir avec ce système, le plus inégalitaire possible, il ne faut surtout par en tempérer le mécanisme par des politiques sociales qui ne font que freiner cette disparition.

Mais là encore, combien de temps faudra-t-il souffrir pour voir le système disparaître ?

Les socialistes défendent qu’il faut au contraire agir tout de suite, car l’objectif est d’aider les plus faibles qui sont dans le besoin et de ne pas attendre une éventuelle révolution. Ils choisiront donc le camps de la réforme du système à la révolution.

Facile d’attendre…

Besson attend la grande révolution du PS. Laguillier attend la grande révolution du système capitaliste. Et en attendant on fait quoi ? On laisse les clés à Sarkozy ? A Bayrou ? Parenthèse à ceux, qui à gauche, serait tenté par le vote centriste, je les invite à lire le programme de François et d’y chercher les propositions sociales.

C’est d’autant plus dramatique, que même si le social trinque pendant 5 ans, il n’est même pas sûr que cela bénéficie à l’économie. Depuis 2002, aucune relance de la croissance avec l’UMP. Quand à Bayrou, l’institut patronal COE-Rexecode vient de déclarer que son programme détruirait des emplois. Bayrou ne s’appuyant que sur les petites entreprises et les restrictions budgétaires, il ne devrait pas y avoir assez d’investissement pour relancer la croissance. Attendez vous donc à 5 ans de morosité de plus…

Filed under: Opinions, Politique | Posted on mars 16th, 2007 by rollover

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