La danse d’un sachet de plastique

Ai revu le film American Beauty. Je m’en rappelais un peu. De la musique (j’ai été longtemps fan de musique de film). Je me souvenais d’un scénario bien ficelé. D’un dénouement déroutant, même si je ne me rappelais pas en quoi. Et bien entendu, de ce rapport particulier et interdit entre un homme et la meilleure amie de sa fille, mineure. Je pouvais comprendre que certains puissent trouver ce film glauque. Le désir symbolisé par des flots de pétales de rose m’avaient aussi mis mal à l’aise…

Par contre, j’avais oublié cette critique sociale des Etats-Unis. Cet humour grinçant, rebondissant sur toutes ces caricatures, Ces dialogues riches et percutants.

Mais surtout, il y a beaucoup de choses que je n’avais pas perçu alors que je me targue d’aimer le cinéma et de décrypter son sens. Je n’avais pas perçu toute la sensibilité de ce film résumé dans cet extrait que l’on pourrait trouver décalé à l’intérieur du film, où Ricky Fitts, un jeune garçon pris d’abord comme un voyeur déséquilibré, passionné de vidéo, nous montre son passage favori. Non ce ne sera pas le détail d’un cadavre de pigeon, où une femme se dénudant, mais un presque vulgaire sac plastique balloté par le vent.


Extrait d’American beauty (1999) de Sam Mendès

A partir de ce détritus de la vie moderne, ce garçon, qui représente en fait le réalisateur, nous parle des forces bienveillantes que l’on devine grâce à un moment anodin, banal et pourtant profondément esthétique, visible seulement par les initiés, seulement ceux qui se donnent la peine de sortir de leur ornières. L’incroyable beauté de la vie au-delà des choses qui nous protège de ces moments sombres… et de nos personnalités.

C’est ce témoignage qui fait tenir tout le film. Tous les côtés sombres des personnages qui symbolisent toutes nos pulsions intérieures (volonté de réussite, matérialisme, addiction, fantasme, frustration, conformisme, révolte contre le système…) sont balayés, relativisés par ce vent protecteur. Et même la mort peut devenir belle. On ne peut que pardonner aux personnages leur défaut. Ils sont tous humains, comme nous le sommes. Et le meilleur moyen d’accepter cette humanité, est de se souvenir par exemple, d’un vulgaire sac plastique, balloté par le vent.

Pour clore, une musique de la BO. Au thème officiel, je préfère celui-ci. Tout aussi plânant, mélancolique et touchant. On l’entend bien le vent :)


Thomas Newman – Angela undress

Merci Xavier pour la suggestion.

Filed under: Cinéma, Introspection, Musique, Philosophie | Posted on novembre 15th, 2010 by rollover

Tags: , , ,

Leave a Reply

Catégories

Nuage

Archives

Copyright © 2025 Blogroll. All rights reserved.

Tech Blue designed by Hive Designs • Ported by Free WordPress Themes