Inland Empire (série critique de cinéma)

Suis allé voir le dernier David Lynch.

J’aime beaucoup Lynch. J’aime cet univers paradoxal, de mystère, de contre pieds, d’irréalité, où la psychologie prend une grande part. J’avais adoré Lost Hightway. Je l’ai vu à la même époque où je jouais à Silent Hill 2. Puis Mulholland Drive. Il y a longtemps, j’avais vu Dune, qui m’avait lancé sur les pistes du fabuleux livre de Herbert, et Sailor et Lula, histoire d’un amour fou et dévastateur.

Quand je me suis retrouvé devant le ciné d’art et d’essai, par hasard, comme par révélation, je ne pouvais aller voir que le dernier film de cet artiste qui conjugue tous les arts (la peinture, la musique, le cinéma…). J’ai pris mon ticket pour Inland Empire.

Aie !! Dès le début, je me suis dit : « T’as encore fait une bétise ! Tu aurais du choisir un plus classique Eastwood où tu aurais pu te laisser porter par une histoire ! » Premières images, la pointe d’un tourne-disque sur un sillon où des images fantomatiques se surimpriment. Puis des personnages qui parlent en polonais et dont la tête est cachée par des bulles blanches avant qu’une famille à tête de… lapin apparaissent dans une pièce de théâtre avec des dialogues sans queue ni tête mais applaudis par un public.

Bref, après quelques enchaînements de séquence auxquelles on ne comprend rien, enfin quelques minutes où une intrigue semble se nouer. Une actrice, Nikki Grace, qui postule pour un film reçoit la visite d’une sorcière de voisine qui lui prédit un malheur si elle accepte le tournage d’un film qu’elle dit maudit. Film dont Nikki décroche le rôle principal. S’ensuite une relation amoureuse dangereuse avec Devon Berk, l’acteur du film, surveillée par le mari de l’actrice.

L’histoire aurait pu commencer. Certes, on avait déjà une drôle de sensation. Les scènes de réalité, mais aussi de rêve, de fantasme, et de tournage se mêlant allègrement, on ne pouvait savoir clairement où on était ce qui nous obligeait à continuellement être surpris et à remettre à jour notre compréhension du scénario. Enfin de compte, cela laissait un certain charme.

Mais rapidement, d’autres séquences de lapins, de polonais qui se transforment en prostituées, des entractes de l’actrice retrouvant un homme aux airs de psychologue. Beaucoup d’effet de caméra (flou, granuleux, angle particulier, tamisage…). Une longue cacophonie qui tire en longueur.

Pourtant, tout n’est pas à jeter dans ce film, bien au contraire. Mais il faut être prévenu. Il faut aller voir ce film plus par envie d’analyse et non pour se laisser porter par une histoire. Les images sont sublimes, le jeu des acteurs est parfait (surtout celui de Laura Dern qui joue Nikki), la caméra déforme à souhait les traits. Et on peut être émerveillé par la manière dont Lynch, grâce aux effets cinématographiques, arrivent à nous faire raccrocher aux séquences alors que toute la mise en scène brise notre attention. On retrouve beaucoup d’attributs du rêve qui sont autant d’invitation à partir, à participer à ce plaisir de briser l’ordre logique du monde, déconcerter son entourage en adoptant un langage, une attitude déconcertante.

Sur l’histoire, il faudra devenir un psychanalyste. Rien n’est donné, tout n’est que suggestion et possibilité d’interprétations, dont Lynch aurait dit lui même qu’elles sont nombreuses. Moi j’y ai vu, entre autres, la transposition de Nikki de sa jalousie et de ses fantasmes sur son mari. Les prostituées polonaises seraient donc l’alter égo de Devon que jalouse le mari. Nikki d’ailleurs se voit aussi comme le double de cette actrice polonaise assassinée lors du premier tournage du film maudit et qui deviendra la prostituée, sa rivale.

Beaucoup de mystères dans ce film. J’avoue ne pas avoir compris grande chose. J’étais un peu énervé en sortant car j’aurais bien aimé un film plus facile. J’ai bien aimé quelques effets de style, même si j’ai trouvé qu’il y en avait beaucoup trop et qu’il était vraiment dommage qu’ils n’aient pas pu être mieux exploités pour une trame plus claire. Pourtant, je le reverrai peut être plus tard, car c’est un film que l’on doit voir plusieurs fois, juste pour délirer sur des suppositions plus folles que celles que le metteur en scène a pu vouloir faire passer (je n’ai toujours pas compris ce que viennent faire les lapins dans cette tambouille…).

Je ne regrette pas d’avoir vu ce film, mais j’aurais aimé le voir mieux préparé et à un moment que j’aurai choisi.

Filed under: Cinéma | Posted on février 25th, 2007 by rollover

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