De la politesse (série : principe de fonctionnement)

Dessin de Sana K.

Souvent je suis impoli dans les transports en commun. Mais plus par inattention. Etant lecteur, quand j’arrive à dépasser l’angle mort du bouquin et voit une place libre, ni une, ni deux, je m’y précipite. La petite ado, le casque sur les oreilles, peut bien faire quelques stations de plus debout. Mais voilà, je n’ai pas vu l’handicapé, la personne âgée. Et le regard réprobateur, de mon voisin forcé de se lever, touche à coup sûr ma conscience.

Mais je n’aime malgré tout pas le systématisme. Hier à la cafétariat, mon voisin de face s’est fait allumé par une femme sois-disant handicapée. Et oui je m’étais cette fois-ci encore pas rendu compte, je mangeais dans un endroit réservé au rez de chaussé. Le voisin de face a du s’en aller laissant la table libre pour l’handicapée et ses accompagnants. Même si je pouvais comprendre, quelque chose tiquait en moi. Quelque chose qui s’est avivé au fil de la discussion que je percevais. La dame se sentant blessée était obligé de raconter toutes les difficultés qu’elle subissait au jour le jour. Une fois le repas (vite) terminé, je me suis donc (vite) dirigé vers la sortie, avec un mélange de colère, face à l’impolitesse remarquée, et de culpabilité, le surmoi m’inclinant à plus de compréhension à la situation des faibles.

Je prends maintenant le bus. Serré comme des sardines (le gang de poussettes empêche l’étalement vers le fond. Vint un arrêt, une ancêtre se fraye un passage trainant un énorme charriot à légumes. Et la voilà s’accrochant à une barre, invectiver une petite dame rondelle assise à contre sens.

- Non mais là faut vous lever ! C’est à moi de m’asseoir, j’en peux plus !

Là, même mélange de sentiments contradictoires qui me font perdre le sourire.

Aujourd’hui, ces petites anecdotes me reviennent à l’esprit. Sans doute parce que j’ai croisé à l’étage supérieure de la cafét une vraie handicapée en fauteuil venue s’intégrer dans le monde commun. Je me dis que certaines catégories ne devraient pas agir ainsi, comme si certains droits leur étaient acquis. On peut forcer le respect (parfois oublié maladroitement) sans être irrespectueux. Si un jour je croise la vieille au charriot, je ne me lèverai pas si elle me le commande. Si elle a de l’énergie pour hausser le ton, elle en a pour tenir debout ! Ou du moins je préfère qu’elle utilise sa hargne à cela plutôt qu’elle l’économise sur mon dos et celui des autres.

Dusse aie-je subir quelques regards noirs d’indignation et de reproches.

Filed under: Ecriture, Introspection, Logs de vie, Opinions | Posted on décembre 10th, 2009 by rollover

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