Coup de coeur (série lecture)
Les années passent et cela ne change pas. Les amours sont souvent incompris. Les couteaux viennent de là où on ne les attend pas. Intéressante plume d’Oscar Wilde qui laisse par ci par là des pensées intéressantes dans un témoignage d’amour homosexuel. Quand on lit, on s’identifie. Je me demande si quelqu’un peut s’identifier à Lord Henry ou si c’est la magie de la mise en scène qui nous fait choisir le peintre, comme je l’ai choisi… Peut être que je n’aurai pas du. Un coeur de nouveau en morceau.
- [...]Je ne crois pas que je l’enverrai où que ce soit. [...] Non, je ne l’enverrai nulle part. »
- [...] Nulle part ? Mais pourquoi donc, mon cher ami ? Avez vous quelques raisons valables ? Que vous êtes bizarre vous autres artistes ! Vous feriez n’importe quoi pour vous faire une réputation. Et dès que vous en avez une, on dirait que vous voulez vous en débarrasser. [...] Un portait comme celui-ci vous installerait très au dessus de tous les jeunes artistes d’Angleterre et rendraient les vieux terriblement jaloux, pour autant que de vieilles gens soient capable de quelque émotion.
-Je sais bien que vous allez rire de moi, répondit-il, mais en vérité, je ne peux l’exposer. J’y ai mis trop de moi même.
- [...] Votre jeune et mystérieux ami, donc vous ne voulez dire le nom, mais dont le portrait réellement me fascine, ne pense jamais. De celà, je suis tout à fait certain. C’est un être sans cervelle, très beau, qui devrait toujours être là en hiver, comme nous n’avons pas de fleurs à contempler, et toujours là en été, quand nous avons besoin de nous rafraichir l’intelligence. »
- [...] Dorian Gray ? C’est donc son nom ?
- [...] Oui c’est son nom. Je n’avais pas l’intention de vous le donner.
- Et pourquoi donc ?
- Oh, je ne saurai pas l’expliquer. Lorsque j’aime quelqu’un intensément, je ne dis jamais son nom à personne. Ce serait comme en céder une partie. De plus en plus, j’aime le secret. C’est je crois, la seule chose qui puisse nous rendre la vie mystérieuse ou merveilleuse. La chose la plus banale devient délicieuse dès l’instant qu’on la dissimule. Désormais quand je quitte la capitale, je ne dis jamais à mes gens où je vais. Si je leur disait, cela me gâcherait tout mon plaisir. C’est sans doute une habitude absurde, mais j’ai l’impression que d’une certaine façon, elle introduit dans la vie beaucoup de romanesque. J’imagine que vous me trouvez terriblement stupide ?
- Pas le moins du monde, répondit Lord Henry, pas le moins du monde, mon cher Basil. Vous oubliez, je crois, que je suis marié; or l’un des charmes du mariage réside en ce qu’il fait du mensonge une nécessité vitale pour les deux parties. Je ne sais jamais où se trouve ma femme, et ma femme ne sait jamais ce que je suis entrain de faire. Lorsque nous nous rencontrons – car nous nous rencontrons à l’occasion, lorsque nous sortons dîner ensemble ou que nous allons à la campagne chez le duc – nous nous racontons le plus sérieusement du monde des histoires plus invraisemblables les unes que les autres. [...] Dites moi, Dorian Gray vous aime-t-il beaucoup ?
[...]Le peintre réfléchit quelques instants. « Il a de l’affection pour moi, fit-il, après un court silence; je sais qu’il a de l’affection pour moi. Bien entendu, je le flatte horriblement. [...] J’ai l’impression, Harry, d’avoir donné mon âme tout entière à quelqu’un pour qui elle n’est qu’une fleur à fixer sur une boutonnière, une décoration faite pour flatter sa vanité, un ornement pour une journée d’été.
- En été, Basil, les journées ont tendance à être longue, murmura Lord Henry. Peut être vous alsserez vous de lui. A la réflexion cela est triste mais il est hors de doute que le Génie est plus durable que la Beauté. C’est ce qui explique que nous fassions tous de si grands efforts pour acquérir tant de culture. Dans cette lutte sauvage pour la vie, nous voulons posséder quelque chose qui dure, et en conséquence, nous nous remplissons l’esprit de faits et de sottises, dans l’espoir absurde de garder notre rang. L’idéal moderne, c’est un homme parfaitement informé. Et l’esprit d’un homme parfaitement informé est une chose abominable. C’est comme une boutique de bric à brac, pleine d’horreurs et de poussière, où tout est plus cher qu’il ne le faudrait. Il n’empêche, je pense que c’est vous qui vous lasserez le premier. Un jour, vous regarderez votre ami, et vous le trouverez un peu mal dessiné ou bien vous n’aimerez pas la nuance de sa couleur [...] Ce que vous m’avez exposé est une parfaite histoire d’amour esthétique, si j’ose dire, et le pire, dans toute histoire d’amour, c’est qu’elle vous laisse en fin de compte si peu amoureux.
- Ne parlez pas ainsi Harry. Aussi longtemps que je vivrai, la personnalité de Dorian Gray exercera sur moi son empire. Vous ne pouvez pas éprouvez ce que j’éprouve, Vous changez trop souvent. [...] Je ne souhaite pas que vous le rencontriez.
- Vous ne souhaitez pas que je le rencontre ?
- Non
- M. Dorian Gray est dans l’atelier, Monsieur » dit le maître d’hotel en arrivant dans le jardin.
- [...] Vous êtes bien obligé, désormais de nous présenter l’un à l’autre », s’exclama Lord Henry en riant.
- [...] Vous avez trop de charme pour donner dans la philanthropie, M. Gray, infiniment trop de charme. » Et Lord Henry se laissa choir sur le divan et ouvrit son étui à cigarettes.
Le peintre, pendant cet échange, avait préparé sa palette et ses pinceaux. Il avait l’air soucieux et, en entendant la dernière remarque de Lord Henry, il lui jeta un coup d’oeil, hésita un instant, puis déclara : « Harry, je voudrais finir ce tableau aujourd’hui. Me jugeriez vous très grossier si je vous demandais de partir ? »
Lord Henry eut un sourire, et regarda Dorian Gray : « Dois-je partir M. Gray ? » demanda-t-il
- Oh non, je vous en prie, Lord Henry. Je vois que Basil est dans une de ses périodes de bouderie et quand il boude, je ne le supporte pas.
- [...] Maintenant que vous m’avez demandé de rester, il n’est pas question que je m’enfuie. Cela ne vous fâche pas vraiment, Basil, je l’espère ? Vous m’avez souvent dit que vous aimiez que vos modèles aient quelqu’un avec qui bavarder. »
Hallward se mordit les lèvres : « Puisce que Dorian le souhaite, il faut que vous restiez, bien entendu. Les caprices de Dorian sont une loi pour tout le monde, sauf pour lui-même. »
Lord Henry prit son chapeau et ses gants : » Vous êtes très insistant, Basil, mais il faut vriament que je parte, j’en suis désolé. J’ai promis de retrouver quelqu’un à Orléans. Au revoir, M. Gray. Venez me voir un de ces jours dans Curzon Street. Je suis presque toujours chez moi à 5 heures. Ecrivez moi quand vous aurez décidé de passer. Je serais désolé de vous manquer.
- Basil, s’écria Dorian Gray, si Lord Henry Wotton part, je pars aussi. »
Mais ce n’est que le début du livre, je vais pouvoir retirer mes trop nombreux post it.
Tags: amour, gay, romantisme, sentiment, triste