Private time
J’ai un trou dans ma chaussette. Je tire un peu ça s’effiloche. Tu m’as dit que ça serait chouette. De mettre un peu plus de couleurs. Déchire le lin, laisse nue la peau. Bleu nuit, fripée en noire. Mue à mes pieds. Les préfères tu oranges ou mauves ? Vertes ? Bariolées à la rigueur. Tirées comme de bas merveilleux. Sans idée, sans répliques. Laissez ma tête vide, où juste des mots boulochent, dans un sens, puis dans l’autre. Les remous d’une machine à laver. Des bulles entre les pâles du ventilateur. Et de l’air tout autour, respire.
Coincé contre la porte du métro, près du garçon à la valise sur le strapontin, une douleur à l’abdomen. J’essaye de tenir le livre sur les genoux. Se détendre. Respirer. Ou plutôt ne pas s’asphyxier. S’étirer sans gêner. Crier en silence. Cette douleur au coeur. Sentir le monde entre les pales. Et puis plus rien. Le noir, les chuchotements, la stupeur, le bruit. Je n’ai rien senti. Je suis par terre. Je dors. Nu pied.
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