Croisé dans le métro
Tu jouais au chaperon. Faisant sourire les filles. Tu avais de beaux cheveux châtains, en mèches rebelles. J’ai croisé tes yeux. Une belle couleur au fond. J’y ai pris plusieurs fois la tasse. Par à coup. Pour ne pas te fixer. Pour ne pas te gêner. Je t’ai recroisé dans le reflet de la glace. Tu es devenu sérieux. Pensif. J’ai pu recroiser deux trois fois ton regard. Le cercle bleu autour de tes pupilles et la lumière d’intelligence au coin. Je fixe au loin te transperce. Comme on m’a appris à le faire. Ne pas te laisser voir tout en te gardant en totalité dans mon champs. Nous restons face, de biais. La rame ralentit et nous nous levons tous les deux en même temps. Tu te places devant moi et nos mains se rejoignent sur la barre. Immobile, paume contre paume, ne respectant plus les limites. Dix secondes s’écoulent avant l’arrêt total. La porte s’ouvre. Tu descend, je te suis. Je frôle une dernière fois ta capeline. Te dépasse, t’espérant sur mes talons. Ne t’entendant plus, je file et sens le poids et le froid se remplir pour tout envahir au détour d’un couloir.
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