Les rapports entre la folle et l’homosexualité (série Gayculture)
Vu sur le site « La vie des idées » que j’ai déjà recommandé : une critique sur le nouveau livre de Jean-Yves Le Talec, Une histoire de la follie.
Quelques extraits :
« [Au XVIIIème puis dans les années 20-30] ni groupe déterminé, ni représentation culturelle, la figure de la folle est une des manières de penser l’homosexualité et de se penser comme homosexuel. »
« La figure de la folle est d’abord une figure imposée : certains individus homosexuels ou efféminés sont catégorisés comme folles, et font face à une identité qu’ils ne revendiquent pas nécessairement, plus largement la figure de la folle doit être comprise dans une logique de stigmate qui peut toucher tous les hommes qui s’écartent d’une norme de virilité, au même titre que la prostituée pour les femmes »
« L’histoire de l’homosexualité au vingtième siècle peut être ainsi lue comme celle d’une dissociation progressive des pratiques homosexuelles et de l’efféminement (…) pour les homophiles d’Arcadie (Mouvement créé en 1954 qui revendique plus de respect pour les homosexuels) comme pour une partie des militants gais des années soixante-dix, la folle devient une figure repoussoir, d’un point de vue stratégique de promotion d’une identité sexuelle dans l’espace public, et d’un point de vue personnel, la virilité étant de plus en plus valorisée chez les gais. Même si les folles ne disparaissent pas, la figure de la folle est dévalorisée au profit de la figure du clone : un corps musclé, une moustache ou une barbe, une attitude virile remplacent l’efféminement et le travestissement. »
« Se reconnaître comme folle, c’est donc aussi « faire la folle », et les deux types repérés montrent bien que l’investissement dans l’espace public et la revendication d’une visibilité est déterminante : pour la folle artiste, il s’agit de reprendre les figures du travestissement en jouant sur le décalage entre la scène et la vie privée, le fait d’être l’objet de moquerie et la possibilité de faire rire. Pour la folle militante, l’investissement du rôle de folle correspond à la constitution d’une identité politisée, la revendication d’une certaine radicalité contre des normes hétérosexuelles. »
« La politisation de l’homosexualité dans les années soixante-dix passe par une critique de la norme hétérosexuelle. (…) alors qu’il s’agit de rompre avec une norme hétérosexuelle, la féminité exacerbée des folles ressemble fort aux stéréotypes sexistes… »
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