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Je suis fan de Daniel Schneidermann
Torpillée par le sarkozoïde Gérald Dahan, Ségolène en pleine hilaritude…
…mais aucun militant socialiste sur mon marché ce matin
samedi 27 janvier 2007, Daniel Schneidermann
(Version actualisée avec de vrais morceaux d’humour de Gérald Dahan)
Et pendant ce temps, Royal rit. Je vais vous dire, moi, ce que je retiens, des piégeages à répétition de Ségolène, de l’affaire des sous-marins, ou du canular de Gérald Dahan. Gérald Dahan, vous connaissez ? Mais oui, vous savez bien, cet humoriste super-drôle, ce piégeur de vedettes, uniquement mû par l’amour de l’art et de la rigolade. La preuve ? L’an dernier déjà, il animait pour Sarkozy une réunion de nouveaux adhérents UMP. Si vous aimez l’humour et si Baffie vous manque le samedi soir, vous pouvez écouter sa prestation ici.. Personnellement, ma blague préférée de Gérald Dahan, c’est « j’aime beaucoup Ségolène Royal. Je l’appelle la crème anglaise. Pas parce qu’elle est anglaise, mais parce qu’elle accompagne le flan ». C’est sans doute ce que Sarkozy appelle « un débat digne et respectueux de l’autre ». Pour être complets, rappelons qu’il a déjà aussi piégé Sarkozy, avec moins d’impact). C’est même ainsi, rapporte la légende, qu’ils firent connaissance.
J’en retiens qu’au centre de tout ce maëlstrom, de tous ces énervements, Royal est encore vivante. La preuve : elle rit. Elle rigole, quand elle répond à Dahan, croyant répondre au Premier ministre du Québec. Elle rigole, quand elle s’excuse de son retard au début d’un meeting, en expliquant qu’elle était au téléphone avec le Premier ministre du Québec (images vues au JT).
Voilà tout ce que je retiens. Parce que franchement, ne redoutant nullement le déclenchement d’une guerre avec le Canada, pleinement confiant dans sa capacité à s’entourer d’excellents experts qui connaitront par coeur, jusqu’à la dernière torpille, l’état des stocks de la marine française, et doutant qu’elle enclenche un processus d’autodétermination de la Corse, je ne me demande qu’une chose : est-elle en état de résister, nerveusement, psychologiquement, au bizutage sauvage que lui font subir les médias majoritaires ?
Apparemment, pour l’instant, oui.
Elle est scrutée par les war rooms sarkozystes, lynchée par les médias qui en sont alimentés à jet continu, promise à la cressonisation, à la dégringolade par un système en surchauffe, promue première productrice nationale de gaffes, de faux-pas, de bêtises.
Et elle rigole.
Donc, soit elle est totalement inconsciente de ce qui lui arrive, soit elle n’accorde aucune importance à l’emballement médiatico-sondagier qui la proclame en perte de vitesse, en chute libre, en plein trou d’air, etc. Elle sait tellement bien où elle va, qu’elle est déjà dans la phase suivante. Ce que je lui souhaite vivement. Sans en être tout à fait persuadé, pour être franc.
Et de l’autre côté ?
Eh bien de l’autre côté, à leur place, je m’inquiéterais un peu.
D’ailleurs, il n’est pas impossible qu’ils s’inquiètent. Le coup des sous-marins, par exemple, qui aurait pu tomber à pic, en contre-torpille de l’enquête des RG sur un conseiller de Royal, ne semble pas avoir été exploité par la « war room » de la rue d’Enghien. Comme l’a remarqué David, même les JT du soir n’ont pas passé l’extrait (même s’il est vrai qu’ils se sont rattrapés, le lendemain, sur le canular corse). Il n’est pas impossible que les cerveaux sarkozystes aient compris que tout celà risque d’apparaître comme ce que c’est : un magnifique emballement, offrant à Ségolène le somptueux cadeau d’un magnifique déguisement de victime du harcèlement.
Quant à Sarkozy lui-même, il devrait se méfier.
On dirait que le Lexomil, que lui attribuent les Guignols, ne fait plus tout à fait autant d’effet. Un début d’accoutumance, peut-être ?
Les petites piques se multiplient. Les allusions au non-programme de Royal sont quotidiennes. Et sous la jolie défroque de Gandhi-Luther King-Jaurès-Guy Môquet, les oreilles du loup commencent à pointer.
Bref, vous l’avez compris, je crois que cet emballement ne risque pas de provoquer de déplacements de voix significatifs.
Le vrai sujet d’inquiétude, pour les ségolistes, devrait être ailleurs.
Tel que vous me lisez, ce matin j’étais « sur le terrain ». Je veux dire que je rentre du marché. La campagne y bat déjà son plein, dans la rue piétonne de mon petit coin de banlieue. Le marché du samedi, c’est le coeur battant de la ville. Tout le monde s’y retrouve. D’un parti à l’autre, les militants se vannent ou s’ignorent. Les rumeurs s’y propagent dans les files d’attente. Comme dans tous les marchés de toutes les villes.
Et alors ? Alors voilà.
J’ai compté ce matin dix distributeurs de tracts pour Sarkozy. Deux pour Bayrou. Quatre quêteurs de l’Ordre de Malte, pour la journée contre la lèpre. Un vendeur de « Sans logis ». Mais aucun ségoliste (samedi dernier, ils étaient deux, toujours contre une dizaine de sarkozystes, pour appeler à un débat participatif sur l’éducation. Je précise aussi que habituellement, les effectifs s’équilibrent. Et que le maire est socialiste.)
Cette non-mobilisation absolue des socialistes est un signe, autrement plus sérieux, me semble-t-il, que les manchettes du Figaro, ou les ouvertures du journal de Chazal. On est dans le vrai, là. Pas dans la bulle médiatique.
Alors dîtes-moi, puisqu’un certain nombre d’entre vous, ce week-end, sont allés ou vont aller faire le plein de carottes et de poireaux : c’est pareil, chez vous ?
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version linkée et commentée
Bon ok, je ne me retire définitivement de la vie politique, promis…