Mal au ventre

« Tout paraissait mort aux alentours, Mais André eut soudain l’impression d’entendre un faible gémissement. En y regardant de plus près, il remarqua, à l’autre bout de la place, un groupe de deux ou trois hommes étendus sur le sol, et qui remuait à peine.

Tandis qu’il les fixait avec attention, s’efforçant de deviner s’ils étaient morts ou seulement endormis, il buta contre un objet étendu à ses pieds. C’était le corps d’une femme, juive apparemment. Il semblait qu’elle fut encore jeune, et cependant ses traits émaciés et défigurés n’en laissaient rien paraître. Elle portait un fichu de soi rouge et un serre-tête garni de deux rangées de perles ou de verroterie, d’où s’échappaient quelques longues mèches bouclées qui se répandaient sur son cou décharné, aux veines tendues. Auprès d’elle gisait le nourrisson dont la main se crispait sur son sein amaigri : l’enfant paraissait l’avoir tordu entre ses doigts dans un mouvement de rage instinctive, faute d’y avoir trouvé du lait. Il avait cessé de pleurer et de crier, et seul son petit ventre, qui s’abaissait et se soulevait faiblement laissait encore supposer qu’il n’était pas mort, ou du moins qu’il était seulement sur le point d’expirer.

Ils s’engagèrent dans une rue, et furent soudain arrêtés par un fou furieux qui, apercevant le précieux fardeau d’André, se jeta sur lui comme un tigre, se cramponna à ses vêtements en criant : « Du pain ! ». Mais ses forces étaient loin d’égaler sa fureur. André le repoussa : il s’étala de tout son long. Pris de compassion, le Cosaque lui lança une miche de pain : l’homme se jeta dessus comme un chien enragé, le rongea, la déchiqueta entre ses dents, et rendit l’âme sur-le-champ, en pleine rue, dans d’atroces convulsions, son long jeûne l’ayant mis hors d’état d’absorber toute nourriture. »

(extrait de « Taras Boulba » de Gogol – 1835)

Je ne savais pas que l’on pouvait mourir d’indigestion. Gogol insiste beaucoup là dessus en racontant plusieurs cas dans cette ville polonaise assiégée par de sauvages cosaques. Une vieille qui consomme un peu de pain se trouve à marcher péniblement à cause des brûlures d’estomac.

Non, on ne peut pas dire que le mal qui me prend en ce moment soit de la même origine. Quoique je mangeais bien du pain. C’est plutôt le fait de cet estomac qui a du mal à récupérer de ces jours de beuveries et de nourriture trop riche. A moins, et cela serait plus politiquement correct, que cela ne soit la gastro !! Bon deuxième apprentissage, j’ai appris ce qu’il faut manger quand on a une gastro : au menu ce soir, riz, coca, viande cuite et… compote de pomme.

Filed under: Lecture, Logs de vie | Posted on janvier 3rd, 2007 by rollover

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