Premiers émois (post dédié aux hétéros)

sadeParfois, une musique nous rappelle de lointain souvenir.

Fin de soirée, les spots continuent à illuminer la scène, des gars et des filles partout. En fond, la sono résonne sous la programme d’un passionné DJ. Le morceau s’arrête. Je ne sais plus si c’est moi ou elle. En tous les cas, nous nous sommes retrouvé en couple pour la dernière période du quart d’heure américain. Commencent les drums d’un Hit numéro 1 de l’époque, « No ordinary love » de Sade, un slow de pas moins de 7 minutes. 7 minutes de bonheur fou, quand on est ado et qu’on a ses premiers émois.

Elle était jolie, métis, café crème. Son sourire me faisait craquer. Elle n’en savait rien. Comment aurait-elle pu le savoir ? On ne se déclare pas quand on est le ringard de service. Quand on sort de l’enfance, le look encore gauche, des lunettes obstruant le regard…

Elle me dit qu’elle avait trouvé mon anniversaire génial. Elle était contente, je l’étais aussi. Je l’ai serré contre moi, les mains jointes sur sa taille, la tête posée près de sa nuque. Un léger frottement de ma joue venait effacer la dernière trace blanche de mon maquillage de vampire.

Elle n’avait pas de parfum, mais ses épaules nues exhalait une odeur légère, à peine voilée par la sueur qui enveloppait son corps. Pas après pas, nous tournions dans un mouvement lent et infini. Un mouvement qui malgré sa vitesse me donnait le tournis et me berçait dans le même temps.

J’entendais le refrain. Une fois, deux fois. L’ending approchait. Déjà ? Pincement au coeur de prévoir déjà la fin. Tristesse de ne pouvoir rester comme ça à absorber ses effluves, à lentement mouvoir mes doigts à la recherche d’un morceau de peau pour prolonger le contact. Dernier virage, la douce voix suave de Sade disparaît pour réapparaître, par intermittence, de plus en plus faible, sous la vague des instruments que le dernier tambour vient recouvrir. C’est la fin. Notre mouvement, qui n’avait pas varié jusque là, prend fin. Nous nous séparons. Dans un dernier sourire, elle rejoint ces amis qui l’ont attendu pour partir.

Je retourne à la vie normale, constater les dégâts. Virer les squatteurs du quartier qui se sont incrustés dans la maison. Un ami vient me voir pour me dire qu’il ne retrouve plus ses cds. Ce soir là, je ne sais pas encore qu’on m’avait aussi volé ceux de ma belle mère. Je ne devais plus refaire d’anniversaire. Mais je n’ai pas regretté ma dernière boum.

C’était l’année 1993. La même année, Whitney Houston allait faire battre nos coeurs avec « I will always love you » de Bodyguard. D’autres chansons, d’autres souvenirs…

La soirée n’était d’ailleurs pas terminée et nous avons fini à la fête foraine en combat d’auto tamponneuse avec mon super pote. Mais c’est une autre histoire ;) .

Sade – No ordinary Love (1992)

Filed under: Logs de vie, Musique | Posted on février 24th, 2006 by rollover

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