Affluence

Un bus à 18 heures à Paris.

J’entre difficilement, je m’agrippe à une barre. Le mouvement du bus me presse contre un jeune homme. Je suis confus : ma main libre a effleurer sa hanche. Si je me laissais entraîné ?

Mais non, je me garde à bonne distance. Grâce à cette barre. Cette barre, où finalement, nos mains sont si proches. Celle-là je ne la bougerai pas. Étrangement, lui non plus. Nos mains pratiquement l’une contre l’autre, au mépris de la distance convenable (la célèbre théorie de la bulle). Cette proximité m’empêche de le regarder mais en regardant le paysage défiler, je sens la chaleur qui se dégage de sa peau. Il fait chaud, tout le monde suffoque, mais pour rien au monde je ne voudrais retirer ces doigts qui me brûlent.

Malheureusement, l’affluence me pousse à l’intérieur. Je lâche la barre et vais m’asseoir au fond. A ma place habituelle ? Non, la tête vers l’avant. Je le vois au fond. Quelques arrêts, lui aussi se rapproche de l’arrière. Il se met devant la porte. La place à côté de moi se libère. Je me mets contre la vitre, je peux le voir à travers la vitre qui nous sépare de la porte. Nos regards se croisent. Fidèle mes habitudes, je laisse mon regard dériver dans un lent panoramique. Je lui lance seulement quelques coups d’oeil furtif sans lui montrer d’importance.

Il y a moins de monde. Il s’éloigne de la porte. Il avance vers moi. Il va s’asseoir à côté ?? Je me pousse sur le côté. Mon coeur bat plus fort, je tremble presque. Il me dépasse. Et dans un mouvement, il se place juste derrière moi, la tête vers l’arrière. Pourquoi juste derrière moi ?! Je sens de nouveau cette chaleur, une illusion ? Encore un effet de mon imagination.

Je me redresse. Je penche ma tête en arrière. Il ne faut pas le toucher. Être au plus près sans brusquer. Je sens sa présence, mes cheveux frissonnent. Son parfum, sa sueur… Il ne bouge pas, moi non plus.

Mais les arrêts se succédant, c’est bientôt mon tour. J’appuie sur le bouton. Je me lève en le frôlant une dernière fois. Le bus s’arrête. Je sors. Il aurait pu descendre avec moi… Inaction inaction inaction. Mais tendre moment voluptueux…

bus

Filed under: Ecriture, Logs de vie | Posted on novembre 18th, 2006 by rollover

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