Escapade artistique et sportive
Climat de week end surprenant, Pâques au tison. Des gros flocons de neige tombent mais ne tiennent pas sur le sol. Neige, soleil, soleil, neige.
Je ne savais pas trop si j’allais sortir ou pas. Mais j’en avais envie. Je suis donc parti sans m’être informé de la météo (pas bien), mais pas très loin, pour une ballade de courte durée : une dizaine de km estimée à trois heures sur le topoguide à partir d’un village à 7 km de la maison. Je descendais dans les gorges du Tarn.
J’aime bien cette photo. Elle était un peu surexposée mais je n’ai pas trafiqué les couleurs. Il y a du vert, il y a du bleu, il y a du jaune, il y a du rouge. Un paysage des gorges sans le soleil de l’été qui brûle l’objectif. Il faisait froid. Je devais monter le long des flancs abrupts du Causse. Sur mon chemin, il neigouillait encore. Mais cette fois-ci des petites particules qui s’agitent, invisibles, comme des mouches ou, pour être un peu plus poétique, des lucioles de jour.
J’aurais pu trouver un point de vue dégagé. Il y en a. J’en ai fait déjà de nombreux. Mais c’est en passant sous un arbre que j’ai eu envie de prendre le paysage. Un flot de lumière et de couleurs passaient à travers ses longs membres nus.
Je me suis dit que cela pourrait ne pas donner ce que je voulais, car la mise au point se faisait sur les branches et la lumière se perdait trop rapidement pour voir la profondeur. En plus, on arrive jamais à prendre en image ce que l’on voit. La profondeur des deux yeux nous joue des tours. On a bien essayer de pencher l’objectif, il manque toujours la petite colline à l’horizon qui entretient la profondeur. Le résultat n’est pas si mal après tout.
Arrivé au sommet, je suis tombé sur une baignoire dans un près. Et non loin de là, cette cabane. Il faut savoir qu’il y avait beaucoup de vent. Imaginez la toile du toit qui claque. On est attiré par cette étrangeté. Cette maison faite de bric et de broc. Il n’est pas rare de voir ce type de maison construite par quelques baba-cools torturés. Mais là, dans ce silence juste ponctué par les bruits de bâches et la violence du vent, ça m’a fait penser à un film.
Sam Raimi – Evil Dead (1981)
(Vous avez vu cet extrait ? Cette musique qui nait du silence, ce coup sourd qui fait penser aux battements du coeur, ces images où le battant de la porte cisaille l’espace, cette manière de filmer la caméra au sol ou en reculant pour donner cette impression bizarre d’être guetté.)
Et oui les vieilles baraques isolées font penser aux repaires de sorciers. J’avais envie de prendre une photo. Mais y avait-il quelqu’un ? Cela ne se fait pas de photographier comme cela chez les gens. J’ai quand même osé pénétrer dans le jardin.
Là encore, du bric et du broc. Du bien pensé, mais aussi du curieux, du curieux. Pourquoi ces vieilles chaises ? Pourquoi étaient-elles dans cet état ? C’est un peu sinistre tout de même. A côté, la maison toute fermée. Aucune fenêtre. Ça se comprend, il fait tellement froid. Mais les endroits où le soleil ne peut pénétrer… Je n’ai pas eu envie de mettre un nez à l’intérieur.
Je repartis donc et sur le chemin, je me résonnais en me disant qu’il devait s’agir d’un point de rencontre pour chasseurs ou touristes adolescents. Plus loin, je croisais une boule jaune suspendue à un arbre. J’ai pensé tout d’abord à une boule à oiseau. Mais la dépassant, il s’agissait d’une balle de tennis fendue. Mon hypothèse sur les chasseurs prenait de la consistence.
Je quittais la forêt et me retrouvais de nouveau devant le vide, sous le ciel.
J’ai réussi à prendre un aigle avec le zoom. Ce n’est pas facile car on a jamais le doigt sur l’objectif pour prendre l’animal qui surgit et disparait avant d’avoir dit ouf.
Retour à la civilisation. Le corps fatigué mais détendu par une bonne fatigue, la tête aérée, pleine de paysages et d’histoires.
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