Bilan des élections européennes 2009
Beaucoup d’analyses ont déjà été faites. Je ne reviendrai pas sur le constat de la défaite du PS et du Modem et dans une moindre mesure du NPA.
Maintenant quelques points que je n’ai pas vu traiter ailleurs.
Ce que Ségolène Royale devrait retenir
Le PS a perdu, Martine Aubry est dans la mire pendant que Ségolène Royale se fait oublier. Pourtant ce scrutin devrait être pris en compte par la d’or-et-déjà-candidate à la présidentielle 2012. La défaite de Bayrou montre qu’une stratégie uniquement présidentialiste et fondée sur le seul antisarkozysme est vouée à l’échec. Par ailleurs, les résultats des élections européennes résonnent symétriquement par rapport aux présidentielles de 2007. Là encore le PS perd des voix au centre droit. Mais contrairement à 2007, l’antisarkozysme n’a pas permis le ralliement du vote populaire qui s’est normalement exprimé ou abstenu.
La social démocratie n’a pas échoué
Il est un peu vite en besogne de dire que l’échec des socialistes est un échec de la social démocratie. Déjà, on pourrait se demander si un PS à la Aubry ou à la Hamon est vraiment social démocrate. Enfin, la victoire des listes Europe Ecologie est en grande partie du à la personnalité de Daniel Cohn Bendit. Il avait d’ailleurs déjà fait un très bon résultat en 1999. Or Daniel Cohn Bendit est une personnalité totalement social démocrate. Il était d’ailleurs l’auteur en 2000 du « Manifeste pour la troisième gauche ».
La victoire relative des pro-européens
Il est un peu facile aussi de dire que ce sont les pro européens qui ont gagné dimanche dernier. En effet, l’Europe est de plus en plus mal perçue dans les classes populaires. Les nonistes n’ont pas disparu : ils ne s’expriment plus. Et cela c’est encore plus grave. L’idée de ne pas aller voter car on est contre l’Europe est en progression.
La solution pour s’en sortir, consolider un électorat stable
Le grand vainqueur des européennes a été l’UMP. Mais comment a-t-il gagné ? Il est loin d’être majoritaire mais il enverra un nombre important de députés et son image en sort renforcé. Si l’UMP peut se prévaloir d’avoir gagné c’est grâce au soutien d’une base solide d’électeurs mobilisés. Ce qui manque au Parti socialiste ce sont des électeurs mobilisés.
Déjà Hamon et Aubry, pour défendre leur ligne, avancent que l’électorat populaire ne s’est pas mobilisé. Ils ne proposent pourtant rien pour résoudre cette difficulté. Par ailleurs, cette mobilisation de l’électorat pourrait aboutir à une crise encore plus profonde car le double discours du PS quand il est dans l’opposition et quand il est au gouvernement (maintenant surtout en région) est de plus en plus perçu par l’électorat populaire qui vote aux extrèmes et de plus en plus pour l’extrème droite. L’extrême gauche fait de moins en moins rêver et ne permet plus d’espérer. Son discours semble déconnecté de la réalité et son idéologie ne permet pas de prendre en compte les problèmes concrets du quotidiens des français. A défaut de pouvoir espérer une amélioration de leur condition, les classes populaires sont plus encline à adhérer à une politique de haine de certaines couches perçues comme parasites. L’immigration est une proie facile que la droite gouvernementale n’hésite pas à utiliser pour élargir sa base au vote populaire.
Si le PS veut avoir un électorat solide il doit se tourner vers les classes moyennes et diplomées qui votent. Cet électorat n’est pas forcément de centre droit comme on pu le penser quelques statisticiens socialistes qui appelait à l’alliance avec le Modem. Cet électorat est en recherche de sérieux et contre la caricature, la démagogie et les actes politiciens. Il serait peut être temps que le PS renoue avec la réflexion d’avant 2002 où Dominique Strauss-khan et Lionel Jospin lançait la réflexion sur l’alliance entre classe moyen et classe populaire qui est le nécessaire moyen de faire gagner le PS. La question est donc comment faire en sorte que les classes moyennes puisse défendre des classes populaires fragilisées qui sont les premières à s’exclure du débat démocratique.
Le piège de la démocratie participative se substituant au travail intellectuel
Un des pièges dans lequel Martine Aubry semble devoir tomber est celui de penser que c’est par de grands débats citoyens qu’on pourra trouver des idées. C’est un piège car cela peut aboutir à l’abandon du travail intellectuel du parti au profit d’un amoncellement de petites idées bout de ficelle, inventaire à la prévert qui mélangent les antagonismes.
L’échec des débats participatifs de Désir d’avenir, dont il n’est rien sorti, devrait faire réfléchir.
La participation n’est intéressante que quand le cadre est fixé et pour le moment il est loin de l’être.
Le parti socialiste doit se poser la question de « Qu’est ce que la gauche aujourd’hui ? ». A une époque où l’Etat est affaibli par le contexte international, la philosophie social démocrate est assez intéressante car elle ne se base pas sur un Etat fort, à prédisposition autoritaire. Au delà de la philosophie social démocrate, les socialistes pourraient étudier les grands moments de débat sur la gauche comme la révolution français, la république sociale, mai 68, la réflexion sur la 3ème voie fin 2000. Etudier ces grands moments de débats peuvent permettent de constater ce qui est de l’ordre des idées permanentes à gauche, celles détachées de l’histoire, du national, des circonstances.
Quand le parti socialiste aura dépoussiérer l’idée de gauche , définit un cap optimiste et convaincant, elle pourra après travailler avec les citoyens pour adapter ces théories aux problèmes concrets et vérifier que ces théories répondent bien à son idéal.
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