Suis-je un peu trop dans la lune ?
Je suis né 10 ans après la conquête de la lune. Mais, c’était encore l’époque des grands films, où on aimait encore les robots (Blade runner) ou les extra-terrestres (ET, rencontre du 3ème type), l’époque de Starwars qu’on appelait encore La guerre des étoiles. Où les grands romans des années 60 portaient encore leur inspiration (Dune). Le premier opus de la vaste encyclopédie en bande dessinée parlait de l’espace. On imaginait encore à l’époque que l’an 2000 serait un tournant. Tout le monde aurait sa soucoupe volante. Le monde en 80 ans avait si vite changé, pourquoi en aurait-il été autrement ?
Je suis né près de la mer et à 4 ans je courrais dans une ravine (je m’y suis d’ailleurs entaillé le front sur une pierre pointue : je ne tenais pas encore bien debout à cette âge, premier voyage à l’hôpital, un grand voile blanc sur le visage, alors qu’on me recousait le front). Puis, j’ai découvert les plages de sable noir, et enfin le paysage lunaire qui entourait un volcan. Mon père écoutait Jean-Michel Jarre et Vangelis, ces notes de musique restent imprimées dans ma mémoire aux côtés des gymnopédies de Satie que ma mère avait choisies pour m’endormir.
En 1986, les adultes étaient tout excités de voir dans la nuit la comète de Halley. Je n’ai vu qu’un long filament dans le ciel. Je n’imaginais pas, à l’époque, que je ne la reverrai qu’à 83 ans.
Un de mes premiers jeux vidéos sur ordinateur fut l’arche du capitaine Blood (mes meilleurs jeux étaient français pas japonais). On contrôlait une main qui choisissait une étoile dans une galaxie. Une étoile déterminée par des coordonnées bien précises. Après un coloré hyper espace, on arrivait devant une planète bleue, verte, rouge. On envoyait alors un petit losange faisant office de vaisseau dans une forêt, des plaines, des montagnes, cela aboutissait toujours à de longs canyons où on entrait en contact avec des races étranges, dont les fantasmagoriques ondoyantes.
Aujourd’hui, on ne regarde plus l’espace. Ou du moins quelques amoureux la regarde, quand ils ont encore le temps, entre deux feuilletons à l’eau de rose adolescente. Mission pour mars ne fait plus rêver. La science fiction laisse place au cataclysme de la politique fiction, faite de guerre nucléaire, de maladies virales non maitrisées ou des monstres ogmiques. Le monde du rêve inter-spatiale appartient au monde de la névrose lynchienne ou de la drogue intraveineuse.
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