Adieu ma concubine
Revu avec plaisir Adieu ma concubine, acquis pour seulement 6 euros dans un marchand de dvd près de Beaubourg. Il est regrettable de constater qu’on a complètement oublié cette palme d’or 1993, supplantée dans les mémoires par le film anglophone La leçon de Piano de Jane Campion avec lequel il fut ex-aequo.
Et oui il existait bien des films sur l’homosexualité avant Boreback Mountain… Enfin, sur l’homosexualité. C’est vrai que c’est ce qui m’avait avant tout marqué quand j’ai vu ce film adolescent, ainsi que le faste et la beauté de l’opéra de pekin.
J’avais complètement occulté le côté politique, historique derrière l’oeuvre.
L’histoire raconte la vie d’un jeune chinois abandonné dans une école pour jeunes garçons formés à la dure pour devenir artistes d’opéra. Le jeune Douzi devra abandonné son identité de garçon pour s’identifier à la perfection à la concubine du général Chu joué par son camarade Shitou.
Derrière l’histoire qui va unir ces deux garçons (dans laquelle va inévitablement intervenir une femme), se profile toute l’histoire de la Chine. Ainsi, Shitou et Douzi, élevés dans la culture brutale traditionnelle et archaïque de la période de la fin de l’empire, vont connaitre, au cours de leur carrière artistique, l’occupation japonaise, la libération nationaliste, l’arrivée des communistes et les bouleversements de la révolution culturelle.
A travers toutes ces étapes, l’opéra de Pékin devient le symbole de cette culture chinoise confrontée à la nécessaire (r)évolution du monde. L’art est-il politique ? Doit-on défendre son orthodoxie au risque de défendre l’élitisme et l’extrème rigueur ? Peut-on trahir sa culture en jouant pour l’occupant ? De multiples questions auxquels Douzi répondra à sa manière mais, tout absorbé à son art, il ne pourra lui survivre…
Ce n’est qu’il y a peu que j’ai appris le suicide de Leslie Cheung qui joue le rôle principal aux côtés de Zhang Fengyi et Gong Li. J’ai été un peu triste. Cet acteur / chanteur m’a conquis. Sans doute, ce rôle lui était-il prédestiné…
Pour finir quelques passages sur youtube du vrai opéra. Magnifique.
Général réputé invincible, le roi Chu tombe pourtant dans le piège tendu par les troupes du roi Han qui, par leurs chants victorieux laissent croire que le pays leur appartient désormais. Chu ne peut plus compter que sur sa femme, Yu, et son cheval. Désespéré, il enjoint sa femme à partir : celle-ci refuse et après une ultime danse, se tranche la gorge devant son mari, lui restant éternellement fidèle.